L’introduction excessive dans les eaux de surface de matières organiques, d’azote, de phosphore et de divers micropolluants (éléments traces métalliques, pesticides…) est une des causes principales du mauvais état écologique de certains cours d’eau. Ces apports résultent essentiellement de rejets directs d’eaux usées et du ruissellement sur des terres agricoles, des sols pollués ou d’autres types de revêtements (voiries, toitures...).
Les quantités de carbone (C), d’azote (N) et de phosphore (P) qui aboutissent dans les cours d’eau wallons peuvent être évaluées à l’aide du modèle PEGASE. Les résultats produits par ce modèle doivent être interprétés avec prudence, en tenant compte des caractéristiques et des limites de la modélisation.
Le ruissellement sur les sols q et les rejets d’eaux usées urbaines sont les sources principales de C, N et P
Selon les derniers résultats fournis par le modèle pour l’année 2015, les apports respectifs de C, N et P au réseau hydrographique wallon étaient estimés à environ 56 200 t, 36 400 t et 1 780 t. D’après les simulations, plus de 61 % du total des apports provenaient d'apports diffus par ruissellement sur les sols (agricoles et non agricoles), alors que 27 % provenaient du rejet d’eaux usées urbaines et 8 % des rejets industriels.
Entre 1993 et 2015, les charges polluantes en C, N et P issues du ruissellement sur les sols, des rejets d'eaux usées urbaines, des rejets industriels et des apports par les bovins ont diminué. Par exemple, les charges polluantes issues des rejets urbains ont diminué de 46 % pour le C, 31 % pour l’N et 55 % pour le P. Cette évolution résulte essentiellement de l’assainissement croissant des eaux usées en Wallonie[1] et de facteurs tels que la suppression des phosphates des détergents et lessives. L’évolution des apports diffus est plus difficile à interpréter car ceux-ci varient davantage en fonction de la couverture des sols et des conditions climatiques.
Des rejets industriels en baisse
Sur la période 1994 - 2013, les charges polluantes industrielles déversées dans les cours d’eau ont diminué de 16 % à 94 %, selon la substance considérée[2]. Cette évolution résulte de l’application d’une taxe sur le déversement des eaux usées, de la cessation des activités les plus polluantes et des mesures prises par les industriels en matière d’épuration et d’amélioration de certains procédés q.
Outre les mesures de base déjà existantes pour réduire la pollution des cours d’eau (collecte et épuration des eaux usées, permis d’environnement, lutte contre l’érosion des sols, Programme de gestion durable de l’azote en agriculture[3]…), les autorités wallonnes envisagent, le cas échéant, d’appliquer des mesures complémentaires q. Ces mesures touchent l’ensemble des secteurs d’activités. Elles prévoient par exemple l’installation de systèmes de déphosphatation dans certaines stations d’épuration de petite capacité (< 10 000 EH), l’auto-contrôle des rejets industriels, le contrôle et la révision des permis d’environnement des industries ayant un impact significatif sur les masses d’eau n’ayant pas atteint le bon état, l’amélioration de la connaissance des rejets industriels ou une gestion adaptée des parcelles agricoles à risque érosif élevé.
En 2015, parmi les 70 stations d’épuration de 10 000 équivalents-habitants (EH) et plus, 62 (88,6 %) étaient équipées d’un traitement tertiaire de dénitrification et de déphosphatation. Seulement 15,1 % des stations de 2 000 à 9 999 EH étaient équipées de ce type de traitement
Baisse de 16 % pour le P, de 78 % pour le Cr et le Cu, de 80 % pour le Pb et de 94 % pour le Hg
[3] Voir l’AGW du 13/06/2014 q et l’indicateur relatif au programme de gestion durable de l’azote en agriculture q